Appel à communicationLa production de matières premières minérales a augmenté de façon exponentielle, de +3 % à 6 % selon le métal depuis le début du XXe siècle, avec une demande jusqu’en 2050 (Christmann, 2018), sous l’effet de la croissance mondiale, l’augmentation des populations urbaines, l’expansion rapide de la classe moyenne et les besoins induits par la transition énergétique. La production primaire, avec l’exploitation minière, et la découverte de nouveaux gisements sont une nécessité dans la configuration actuelle de la (sur)consommation et du faible taux de recyclage. Les activités minières, avec l’extraction et le traitement des minerais, ont des impacts importants sur l’environnement : arasement de la couche arable dans les mines à ciel ouvert, modification des usages du sol, excavations sur les versants et dépôts de résidus miniers transformant significativement les paysages et dont le lessivage des éléments chimiques peut provoquer des drainages acides et une contamination des écosystèmes (sols, eaux, organismes vivants) en aval des sites miniers. L’activité minière induit également des émissions de poussières ou une augmentation du bruit (Ripley et al., 1996 ; Younger et al., 2002). Les activités extractives ont également un impact significatif sur les structures sociales et culturelles : elles accroissent les inégalités économiques, entraînent des conflits liés à l'utilisation des terres et des ressources, et modifient en profondeur l'identité de la communauté, etc. (Horowitz et al., 2018 ; Babidge, 2019). Dans le même temps, les injonctions de préservation et de mise en patrimoine des territoires sont de plus en plus marquées (Gravari Barbas et al., 2016). En 2020, d’après les chiffres de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature, 15 % de la surface terrestre étaient protégées, soit 5 % en dessous de l’objectif annoncé. Cette tendance est encore appelée à se développer avec un objectif de 25 % affiché pour 2030. En écho, le nombre de sites inscrits sur la Liste du Patrimoine mondial ne cesse de croître (1199 biens inscrits en 2023) avec des engagements de plus en plus marqués des États pour les enjeux de conservation et de valorisation des richesses patrimoniales naturelles et culturelles. À titre d’exemple, la France a adopté en janvier 2021 la « stratégie nationale pour les aires protégées 2023 », laquelle ambitionne de protéger 30 % du territoire national et des eaux maritimes d’ici 2030, dont 10 % en protection renforcée. En 2021, seulement 1,8 % de ces espaces étaient sous protection forte. Entre ces deux polarités, extraction versus protection, quels sont les enjeux auxquels sont confrontés les territoires de montagne ? Tel est précisément l’objectif de ce colloque international : questionner le rôle des territoires de montagne, à la fois comme pourvoyeurs de matières premières, mais également d’espaces protégés, aussi bien au Nord comme au Sud et les tensions permanentes entre protection (de l’environnement, culturel) et mise en exploitation. Cet appel entend susciter des communications issues de différentes disciplines des sciences humaines et sociales : géographie, histoire, sociologie, sciences de l’information et de la communication, sciences politiques, anthropologie, droit, etc. L’ambition est de croiser ses approches disciplinaires autour des territoires de montagne confrontés à la mise en place de processus extractifs (anciens, actuels et futurs) en tension avec des processus de protection ou de patrimonialisation d’autres ressources en faisant jouer entre elles différentes valeurs territoriales (Rossi et al., 2021). Ainsi, l’objectif est de questionner les dynamiques de développement local, les territorialités, les imaginaires et les attachements aux territoires de montagne aussi bien dans les Nords que dans les Suds. L’analyse des conflits et des controverses s’y déployant est aussi au centre de l’attention, montrant un désaccord sur les valeurs données aux différents éléments territoriaux. Autrement dit, il s’agit de participer à décloisonner les savoirs en vue d’offrir de nouvelles possibilités de compréhension d’objets communs et de questionnements transversaux autour et à partir de la montagne (Attali et al., 2014). Cela passe notamment par :
Les communications attendues devront apporter des éléments de réponses théoriques et/ou empiriques à ces objectifs et peuvent s’inscrire dans l’un des trois axes suivants, sans pour autant s’y limiter : 1. Protection et patrimonialisation des sols et des sous-sols en montagne ; La mise en tourisme ou l’identification de patrimoines culturels et/ou environnementaux permet-il d’éviter une mise en exploitation extractive ? Le développement d’activités extractives exclue-t-il nécessairement le tourisme ? Les territoires sans dimension touristique ou patrimoniale voient-ils d’un bon œil l’arrivée d’activités extractives ? Activités extractives et patrimoine peuvent-ils se légitimer mutuellement (compensations, activités traditionnelles) ? 2. Imaginaires et attachements territoriaux aux sols et sous-sols montagnards ; Quelles sont les représentations du sous-sol en milieu de montagne ? Comment se manifeste l’attachement territorial des habitants ? Quels imaginaires sont mis en péril par le développement d’activités extractives ? Quels imaginaires naissent des activités extractives et deviennent un élément de l’identité territoriale ? Quels récits structurent la mise en place des activités extractives ? 3. Conflits et controverses autour de la protection et de l’extraction ; Quels conflits d’usages naissent de la superposition des activités de surface et de l’exploitation du sous-sol ? Quels rapports de pouvoirs s’établissent entre les différents acteurs ? Quelles valeurs ou quels objets transversaux sont au centre des controverses ou à même de déclencher des conflits ? Quelles en sont les revendications ? Certains types d’extraction sont-ils plus à même de susciter des consensus ? Quelles pratiques de protection/ patrimonialisation/ compensation visent à réduire les controverses ? Les propositions anonymisées devront présenter : un titre, un maximum de 5 mots clefs, préciser dans quel axe la communication s’inscrit de manière préférentielle, puis la proposition en elle-même (4000 signes environ) en indiquant l’objet d’étude, le cadre théorique, la problématique, les éléments empiriques et les principales références bibliographiques mobilisées. Les propositions dépassant le cadre alpin sont les bienvenues. Elles sont à soumettre en français ou en anglais, exclusivement sur http://soussol.sciencesconf.org/, avant le 15 mai 2024. Les communications dureront 20 minutes suivies d’un temps d’échange. Calendrier :
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